Depuis plus d’un an, les formations d’HSF-France en Afrique sont malheureusement au point mort en raison de la pandémie, ce qui est fort préjudiciable pour nos élèves.
Toutefois l’utilisation des systèmes de visioconférence permet de maintenir une certaine activité, très dépendante toutefois de la qualité du réseau !
Au Sénégal, avec une sage-femme, Sœur Françoise, qui a pu installer un logiciel d’aide à la prescription homéopathique sur son ordinateur, nous avons pu faire plusieurs séances de formation par Zoom. Avec Zoom, on peut se voir mais aussi partager notre écran (pas en même temps), donc nous pouvons lui montrer comment utiliser le logiciel en lui partageant l’écran de notre ordinateur, et ensuite nous pouvons voir ce qu’elle fait sur son ordinateur. On peut aussi prendre le contrôle de l’ordinateur de l’autre personne (avec son consentement uniquement !) pour lui montrer quelque chose directement sur son ordinateur.
Une première séance a permis d’explorer avec elle les fonctionnalités de base du logiciel. Celui-ci utilise le « Complete Repertory ». On peut consulter ce répertoire comme un livre bien sûr, mais il est beaucoup plus intéressant de laisser l’ordinateur chercher les bons chapitres et les « bons symptômes homéopathiques » à partir de la consultation d’un-e patient-e ! Cela permet de gagner du temps et donc d’en attribuer plus à la consultation elle-même qui demeure la pierre angulaire de toute bonne prescription. Dans une deuxième séance, nous lui avons demandé, à partir de deux cas pédiatriques, de sélectionner les symptômes les plus marquants du patient et de trouver les rubriques du répertoire correspondant. Il s’agissait d’une toux chez un enfant et d’un autre ayant une gastro-entérite.
Après une séance, inaudible vu la mauvaise qualité du réseau ce qui nous a obligés à fermer la communication, nous avons abordé les cas d’obstétrique suivants (V. Mabilon) :
1/ En salle de dilatation, une jeune femme de 21 ans, primipare, est à 2 cm de dilatation. Elle souhaite d’emblée une anesthésie péridurale mais “la maternité est pleine !”, “il n’y a pas de salle d’accouchement libre ! ...”. Je note : grande fatigue, et même épuisement, pâleur, malaise lorsque je la mets en position assise pour examiner son dos. Douleur ressentie dans le dos et descendant dans les fesses et cuisses. Elle se plaint également de douleurs hémorroïdaires. Je lui donne X1 200 K. Naissance dans l’heure qui suit, au grand dam des sages-femmes car il n’y a toujours pas de salle d’accouchement de libre, la maternité est pleine. La maman est ravie.
Le remède est donc Kali-carbonicum, connu pour sa grande fatigue confinant à l’épuisement
2/ Je suis appelée pour une anesthésie péridurale : l’anxiété est majeure chez cette femme dont le premier enfant est décédé de mort subite du nourrisson. Il est impossible d’envisager une péridurale à cause d’une agitation panique. Le travail progresse rapidement mais elle est bien trop agitée pour pouvoir accoucher : « Je vais mourir ». Remède X2 : elle se calme instantanément, on l’installe, elle accouche avec sérénité.
Le remède est donc Aconit, grand remède d’anxiété panique.
3/ Mme C., ce matin, a eu une césarienne en urgence pour décollement placentaire à 33 semaines d’aménorrhée ; extraction sous anesthésie générale d’un bébé qui a vite récupéré ; par contre, chez la mère, le saignement a été difficile à maîtriser : estimé à 3,5 litres, il a nécessité la transfusion de 7 culots globulaires. Je la reçois en postopératoire aux soins intensifs.
Malgré Syntocinon et Morphine il persiste un saignement constant, l’utérus est tonique mais très douloureux : elle ne supporte pas qu’on la touche, elle reste tachycarde, le bilan de coagulation reste très perturbé. Remède X3 en 200 K stoppe le saignement et calme rapidement la douleur.
Le remède X3 est donc Arnica.
Mais à J3, la reprise des gaz est difficile, l’abdomen très distendu, très algique : elle ne supporte pas qu’on la touche mais spontanément, elle se tient le ventre comprimé ; elle est fatiguée, n’a pas le moral, est déprimée. Y3 200 K.
Remède Y3 : dès qu’une patiente perd beaucoup de sang (ou autres liquides) penser à China ! Naturellement le but n’était pas de trouver en premier lieu le remède, le but était de choisir ce qu’il y avait de plus bizarre et curieux dans la consultation et de le traduire en terme de « rubriques de répertoire. Une autre séance a permis à cette sage-femme de trouver un cas Nux vomica, puis Sepia. A suivre... parce qu’il faudra d’autres séances pour qu’elle se familiarise complètement avec cet outil tout nouveau pour elle.
Dr JM Deschamps