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Cet article conclut le petit tour d’horizon réalisé au sujet de la « mémoire de l’eau » : cette notion a été abordée en premier lieu sous l’angle de son histoire et des éléments manifestant ce phénomène, puis en second lieu sous l’angle théorique à partir des modèles de physique qui tentent d’élucider l’origine du comportement de l’eau liquide. Et l’on revient finalement ici à l’homéopathie, avec laquelle ce tour d’horizon a débuté.
En effet, l’homéopathie et la mémoire de l’eau sont étroitement associées – l’une expliquant les effets de l’autre. Or, il n’est pas suffisant de démontrer que théoriquement la « mémoire » de l’eau est une propriété plausible, il faut également en démontrer l’existence par le biais de données expérimentales, c’est-à-dire des données concrètes qui attestent l’existence d’un phénomène.
Nombre de données expérimentales en faveur de l’existence de la « mémoire » de l’eau ont déjà été détaillées dans notre premier article sur ce sujet. Cependant, en raison de l’intrication entre l’un et l’autre, le discrédit virulent dont fait l’objet l’homéopathie constitue une pierre d’achoppement et maintient l’aura pseudoscientifique de la « mémoire » de l’eau qui confère à l’homéopathie son efficacité.
C’est la raison pour laquelle on revient ici sur les arguments qui, dans la recherche médicale, ont proclamé de façon triomphale la « fin » de l’homéopathie – après plus de deux cents ans d’une existence dont la résilience, face à toutes les attaques essuyées, a justement de quoi interpeller. Quitte pour la recherche médicale à brandir de façon paradoxale le danger de sa nocuité (un paradoxe manifeste pour une pratique basée sur l’absence d’effets, qui ne fait cependant sourciller aucun de ses détracteurs).
Le propos de cet article est de mettre en perspective la façon dont la recherche « démontre » l’inefficacité de l’homéopathie au sein d’une guerre idéologique menée par la médecine dite scientifique – en prenant bien en compte ici le fait que les attaques de cette dernière se font, au départ, pour des intentions louables.
L’enjeu reste la défense de la mémoire de l’eau : il ne s’agit pas ici de faire la promotion de cette méthode de soin (il appartient à chacun de suivre ses propres inclinations en matière de traitements) mais bien de riposter aux attaques agressives de la recherche académique qui s’attelle à promouvoir uniquement la médecine moderne.
1 Au commencement était le succès
Avant de s’attaquer aux travaux récents qui ont proclamé de façon tonitruante la fin de l’homéopathie, il est important de contextualiser d’où vient le besoin acharné de démontrer son inefficacité et sa prétendue nocuité.
Pour cela, il faut prendre en considération que l’homéopathie a eu en son temps et jusqu’à aujourd’hui un succès remarquable. Au point qu’elle est même devenue la grande médecine du XIXe siècle, associée à un grand nombre de conversions de médecins allopathes en médecins homéopathes.
C’est justement dans ce succès que s’enracine l’intérêt que suscite cette méthode de soin ; car il va de soi que si elle n’avait pas connu de succès, elle serait simplement tombée dans l’oubli, d’autant plus à l’aune de toutes les attaques qu’elle a subies depuis ses débuts.
Rappelons que le fondateur de l’homéopathie, Samuel Hahnemann, était un médecin formé en botanique et en chirurgie auprès d’experts de renom (von Quarin, von Brückenthal et von Schreber), qui parlait ou déchiffrait 11 langues, ce qui lui avait permis de compiler une quantité prodigieuse d’ouvrages médicaux – ce que peu de médecins peuvent aujourd’hui se targuer… Sa démarche n’est donc ni celle d’un fou ni d’un inconscient, loin de là.
Sa méthode s’inscrit en particulier en réaction à la médecine « héroïque » de son temps, dont les traitements aujourd’hui sont bien considérés comme inhumains (à l’aide d’arsenic, de chlorure de mercure et d’acide tartrique en renfort des saignées). Aussi, contrairement à ce que ses détracteurs peuvent avancer, l’homéopathie doit son succès à travers l’Europe, puis au-delà aux États-Unis, à ses résultats bien supérieurs à ceux de la médecine allopathique.
Significativement, toute la noblesse au XIXe siècle se soignait surtout par homéopathie – ce qui explique notamment la protection que lui accorde, par tradition, la famille royale britannique. Mais ses résultats ont également convaincu les médecins militaires dans toute l’Europe, puisqu’il s’est avéré qu’il y avait bien plus de chances de sauver un blessé par remèdes homéopathiques que par le biais de la médecine héroïque.
Significativement, l’homéopathie a connu un grand succès dans le traitement de l’épidémie de choléra de 1832 avec des taux de mortalité dix fois moindres que pour les traitements traditionnels. Et l’on peut également évoquer qu’aux États-Unis, les assureurs à cette époque proposaient des taux préférentiels aux médecins homéopathes en raison de leur taux de mortalité bien plus bas que leurs confrères allopathes.
2 La fameuse « fin » de l’homéopathie
Un tournant décisif s’opère cependant lorsque la médecine « héroïque » mute et devient la médecine dite « scientifique » avec laquelle nous, les occidentaux, nous nous soignons majoritairement. Ce tournant est notamment lié à l’impulsion d’Abraham Flexner, dont le rapport éponyme de 1910, uniquement en faveur de la médecine scientifique à l’exclusion de toute autre approche, conduit à la fermeture des écoles d’homéopathie aux États-Unis et de toutes autres méthodes alternatives (dont la naturopathie).
À cet égard, le regard condescendant porté aujourd’hui sur l’homéopathie découle pour une large part des conclusions du rapport Flexner qui affirme la suprématie de la médecine scientifique – ironiquement rédigé par une personne qui n’était pas même un médecin mais un enseignant de faculté.
C’est dans le sillage tracé par ce rapport que sort en 2005 un article publié dans la grande revue de recherche médicale The Lancet et intitulé : The end of homeopathy (la fin de l’homéopathie). Un travail qui sera relayé en 2015 par un autre de plus grande envergure sous l’égide du National Health and Medical Research Council (l’instance australienne déterminant les normes dans le domaine de la santé).
Ce ne sont ni les premiers travaux de ce type à attaquer l’homéopathie ni sans doute les derniers. Cependant, leur retentissement a provoqué une mise en question agressive de cette pratique, en particulier dans les pays occidentaux, en attribuant ses résultats positifs à des effets de type placebo – en dépit des preuves abondantes du XIXe siècle qu’il est difficile d’attribuer uniquement à cet effet.
Il est donc intéressant de se pencher sur l’argument dont procèdent ces deux travaux et qui met sévèrement en question l’efficacité de l’homéopathie, entraînant l’idée que la « mémoire » de l’eau est une pure affabulation ; en sorte que c’est l’arme décisive employée aujourd’hui pour disqualifier toutes les recherches qui étayent les propriétés troublantes des hautes dilutions (voir à ce sujet notre article sur les travaux de Benveniste).
Car on comprend bien la dissonance troublante que produit l’existence, d’une part, de recherches attestant la mémoire de l’eau et, d’autre part, de recherches à fort rayonnement affirmant tout le contraire. Or, si nombreuses sont les personnes à avoir entendu parler de travaux qui condamnent l’homéopathie, rares sont celles qui ont pris le temps de les consulter ; et plus encore de les consulter avec un œil critique.
3 Une démonstration par « méta-analyse »
D’emblée, nous précisons, par souci d’équité vis-à-vis de ce que peut endurer l’homéopathie et la recherche sur la « mémoire » de l’eau, que nous proposons une lecture résolument critique de ces deux travaux, loin d’en ânonner simplement le contenu. Pour autant, cette position critique s’inscrit dans une démarche respectueuse en présupposant une honnêteté intellectuelle de la part des contributeurs de ces travaux.
Il s’agit ainsi de présenter leur démarche dans une perspective épistémologique – une réflexion critique de la connaissance et de la contribution scientifique – sans passer par la mise en doute de la qualité de la recherche médicale en elle-même ni de la qualité de la revue The Lancet (en regard de la publication de l’article désastreux sur la chloroquine pour traiter le Covid), bien que cela soit des leviers que ces adversaires n’hésitent pas à employer…
Plus concrètement, les deux articles précités qui ont promu la fin de l’homéopathie ne constituent en aucun cas un travail de fond sur la question. Il s’agit dans les deux cas d’un travail de méta-analyse, le premier de 6 pages – 6 pages seulement pour condamner une pratique dont la contribution durant deux siècles a été remarquable.
Une méta-analyse est en effet un type de publication qui se contente de compiler les résultats d’autres études (qui elles s’engagent dans un travail de fond), de leur attribuer une valeur (à partir de critères) et d’en faire une distribution statistique afin d’en extraire une vision qui fasse sens. On reproduit ici la distribution statistique, traduite en termes de points, de l’article de 2005 du Lancet qui compare la différence d’efficacité entre l’homéopathie (graphique du haut) et les traitements de la médecine scientifique.
Pour comprendre ces graphiques, il faut savoir que le but est d’obtenir une valeur (traduite par les lignes qui recoupent les points) qui ne traverse pas la ligne médiane en pointillés, laquelle trace la limite entre l’effet placebo et un effet « véritable ». Chaque point représente la valeur obtenue dans une étude consacrée à l’efficacité d’un remède (homéopathique ou conventionnel) dans le traitement d’une maladie particulière.
Or, ce qui est remarquable, c’est la troublante proximité entre les deux graphiques : seul un unique point sur le graphique de l’homéopathie (le point le plus à droite qui indique des résultats catastrophiques) est responsable de l’affirmation selon laquelle l’homéopathie ne vaut pas davantage qu’un placebo. Si les chercheurs avaient choisi (à tout hasard) de ne pas introduire cette étude, le résultat aurait été foncièrement différent. Ce qui n’empêche pas la recherche médicale d’affirmer à partir de là la « nette supériorité » de la médecine scientifique.
On ne reproduit pas les résultats de l’étude de 2015 ici, mais il s’agit du même procédé, lequel pose de nombreux problèmes épistémiques :
- quelle étude prendre et quelle étude rejeter ?
- quel nombre de patients moyen sélectionner (ce nombre faisant varier significativement les résultats) ?
- sur quelle année ?
- quels critères de fiabilité sélectionner ?
- et quels outils d’analyse statistique choisir ?
4 Principes de la démarche d’Hahnemann
Ce qui est encore plus remarquable, et là où le bât blesse tout particulièrement pour des personnes qui se prétendent des chercheurs qualifiés, c’est que ces deux études reposent sur des biais intellectuels qui feraient bondir n’importe quel spécialiste en sciences humaines : le fait que ces études s’appuient sur le présupposé jamais élucidé ni questionné qu’un traitement homéopathique repose sur les mêmes bases que la médication chimique de la médecine scientifique.
Ce qui n’est absolument pas le cas ; et ce qui fausse automatiquement, pour ne pas dire invalide, la valeur que l’on peut attribuer à un tel travail d’analyse.
En effet, un traitement conventionnel correspond à une réponse directe à une maladie, indépendamment de la singularité du patient : ainsi à tels symptômes correspond une solution selon un rapport équationnel linéaire. Or, ce n’est pas le cas de l’homéopathie ni de la plupart des médecines alternatives (d’où la tension entre les uns et les autres), lesquelles attribuent un traitement non en fonction d’une maladie mais en fonction de la personne.
Ainsi, pour une même maladie, un médecin homéopathe pourra choisir une large variété de remèdes, dont le critère sera déterminé par l’écoute de la personnalité de son patient pour s’accorder non à sa maladie mais à son « terrain ». De la même façon qu’un acupuncteur ne propose jamais mécaniquement le même protocole pour les mêmes maladies, dans la mesure où, évidemment, chaque personne est différente.
Il est donc absurde de chercher à détecter quoi que ce soit de signifiant au sujet de l’homéopathie à partir d’un cadre critique qui ne prend pas en compte son mode opératoire spécifique. Pour paraphraser Einstein, cela revient à évaluer l’intelligence d’un poisson en lui demandant de savoir grimper à un arbre… C’est pourquoi, derrière le terme de « méta-analyse », on peut entendre une entreprise de destruction d’une pratique au profit d’une doxa dominante qui se conforte elle-même.
Et pourtant, il est frappant de constater au sein de ces études qu’il existe un nombre conséquent d’études témoignant d’une efficacité loin d’être négligeable à partir d’un protocole inadapté. Un détail important, car ces résultats étayent en retour l’existence de la « mémoire » de l’eau à l’œuvre dans les hautes dilutions.
5 Savoir écouter l’autre bord
Au sujet de ce dernier point, il faut souligner ici que la publicité dont bénéficient les méta-analyses, visant à démontrer l’inefficacité de l’homéopathie à l’aune des promesses des traitements chimiques, éclipsent les travaux qui, eux à l’inverse, tendent à démontrer l’intérêt des remèdes homéopathiques.
Car le bruit de ces travaux de déconstruction tend à donner l’idée qu’il n’y a pas de recherches scientifiques de qualité sur les bienfaits de l’homéopathie. Or, c’est une idée préconçue et erronée : il existe en effet des centaines de publications sur le sujet, et pour les lecteurs soucieux de connaissances exhaustives, on peut conseiller la lecture de deux volumes intitulés High-Dilution Effects Revisited et publiés en 2013 :
l’un consacré aux aspects physico-chimiques (avec 145 références) et l’autre consacré aux mécanismes épigénétiques (avec 248 références)
On peut évidemment critiquer le fait que ces travaux présentent naturellement des biais qui en influencent les résultats ou la valeur, dans la mesure où de telles publications ne trouvent de lieu de parution que dans une revue intitulée Homéopathie, en faveur de cette pratique.
Cependant, une démarche scientifique qualitative ne peut se contenter uniquement des idées de son propre bord, au risque de maintenir une profonde ignorance sur la question traitée. Or, la lecture de ces seuls deux volumes représente une masse de travail considérable que les détracteurs de l’homéopathie ne prennent pas le temps de faire – quitte à les critiquer et à s’engager à démontrer les défauts des expériences menées. Mais ce sont pour la plupart des travaux d’une grande rigueur, dans la mesure où ils prennent le parti d’une pratique vivement critiquée.
Ainsi, l’argument selon lequel l’homéopathie s’abriterait derrière un mécanisme de type placebo se heurte aux travaux qui démontrent les effets de traitements homéopathiques appliqués à des animaux et à des plantes. À moins de défendre l’idée d’une conscience chez les uns et les autres ; mais dans ce cas on devrait s’interroger sur la façon dont on traite les animaux dans l’élevage industriel et dont on empoisonne les sols à force de traitements chimiques.
Par ailleurs, ces recherches montrent que les effets de l’homéopathie sont bien connus, au sens où la « mémoire » de l’eau agit comme un mécanisme épigénétique : elle modifie l’expression des gènes en stimulant la membrane des cellules pour provoquer une réponse biologique.
Ce mécanisme épigénétique peut faire sourciller n’importe quelle personne se plaçant du côté de la chimie, puisque le principe des hautes dilutions homéopathiques élimine la présence tangible d’un élément. Cependant, comme le montre notre article sur le comportement quantique de l’eau liquide, cette explication est à trouver non du côté de la chimie mais de la physique : dans les fréquences piégées dans les domaines de cohérence de l’eau, lesquelles agissent comme un signal à la surface des membranes cellulaires.
Au terme de cet article, on espère qu’il apparait présomptueux de la part des chercheurs qui défendent la médecine scientifique d’affirmer que l’homéopathie est une pratique de charlatan enfin démasquée par deux travaux. Ce qui ne veut nullement dire qu’elle a réponse à tout, ni que la médecine scientifique n’est pas digne d’intérêt : ce sont deux pratiques bien différentes qui mériteraient de collaborer plutôt que de chercher à se détruire.
C’est sans doute le point le plus décisif de cette réflexion : le fait que le point de départ de l’homéopathie et celui de la médecine moderne, en héritière de l’allopathie, sont complètement différents. Il est indéniable que cette dernière est efficace, mais la seule chose qui l’intéresse c’est la mort : elle ne dit significativement rien de ce que peut être la santé – tandis qu’à l’inverse, les approches dites alternatives s’y intéressent au premier chef.
Cette différence invite à mesurer que si la « mémoire » de l’eau est une propriété parfaitement vraisemblable à l’aune de nos connaissances actuelles, il ne s’agit pas pour autant d’une propriété miraculeuse qui va guérir de tous les maux que la médecine conventionnelle est incapable de soigner (car oui on meurt des traitements conventionnels et pas que des traitements alternatifs).
L’homéopathie offre cependant une alternative à l’empreinte écologique désastreuse de la médication chimique. Rappelons ici qu’il faut dépenser 1 million de litres d’eau pour produire 1kg d’antibiotiques ! Une donnée effrayante qui n’est pas sans donner davantage de relief aux mots de William Osler, le père de la médecine moderne, indiquant que :
L’un des premiers devoirs du médecin est d’éduquer les masses à ne pas prendre de médicaments.
(Aphorisms from his Bedside Teachings and Writings, 1961, p. 105).
Mais William Osler était aussi celui qui alertait en écrivant : « Le bon sens en matière de médecine est rare et se situe généralement en proportion inverse du degré d’instruction » (« Teaching and Thinking », in The Montreal Medical Journal, 1965). Un aphorisme qui a de quoi interpeller au cœur de certaines controverses actuelles.