L’homéopathie est la deuxiéme médecine officielle en Inde : différents courants en sont issus portés par des homéopathes mondialement reconnus.
Le docteur Farokh Master est un célèbre médecin homéopathe indien.
Il exerce à Bombay et parcourt le monde pour enseigner l’homéopathie classique hahnemannienne.
Nous avons la chance de recevoir, chaque année, son enseignement, à Lyon, lors d’un séminaire organisé par Planète-Homéo.
À cette occasion nous lui avons demandé de nous parler un peu de la situation actuelle de l’homéopathie en Inde.
Dr Farokh Master, racontez nous votre parcours professionnel
« J’ai débuté l’homéopathie en faisant des accouchements. J’ai d’abord rejoint l’école de médecine classique en 1976, puis je me suis reconverti à l’homéopathie que je pratique toujours.
J’ai servi en tant que membre au Conseil Central pour l’Homéopathie, pendant plus de dix ans, grâce à mon ami le Dr. Sunny Bakshi, président de ce Conseil, qui m’a beaucoup aidé à apprendre et comprendre l’étude de l’homéopathie. »
Depuis combien de temps l’homéopathie est-elle pratiquée dans votre pays et qu’en est-il aujourd’hui ?
« Commençons ce voyage par l’histoire de l’homéopathie en Inde : L’homéopathie a été importée en Inde dès 1810 par les voyageurs, missionnaires et militaires venant de l’ouest. Son introduction officielle date de 1839 : Le Docteur John Martin Honigberger a été appelé à la Cour du Maharadja Ranjeet Singh pour soigner ce dernier (paralysie des cordes vocales). Par la suite, le Docteur Honingberger s’est installé à Calcutta. Le voyage du Docteur Honinberger a tracé la carte de la diffusion de l’homéopathie. C’est l’état du Bengal qui, en premier, a encouragé le dévelopement de l’homéopathie par la création d’instituts de formation et de centres
de soins. Les hopitaux pour l’homéopathie à Calcutta étaient réputés pour le traitement de maladies incurables. La maitrise d’épidémies comme le choléra et les efforts persistants de plusieurs médecins dévoués ont favorisé son acceptation dans d’autres régions du pays.
Comme les autres systèmes médicaux, l’homéopathie a été confrontée, cette dernière décennie,à des défis majeurs dans un monde ou les problèmes de santé deviennent de plus en plus complexes. Il ne fait aucun doute que l’uniformisation de l’enseignement, de la pratique et de la recherche médicale est devenue plus essentielle que jamais pour lutter contre les problèmes auxquels la communauté médicale fait maintenant face.
Bien que cela fasse plus de 180 ans que l’homéopathie a été introduite en Inde, c’est seulement depuis la promulgation de l’Acte du Conseil Central pour l’Homéopathie en 1973 et la création de ce dernier l’année suivante, que l’homéopathie s’est vraiment développée dans notre pays.
L’uniformisation de l’enseignement a commencé seulement après que le Règlement pour l’Education de l’homéopathie soit entré en vigueur en 1983.
En Inde, nous avons actuellement plus de 180 écoles d’homéopathie reconnues, affiliées à leurs universités d’états respectives. Pour structurer la recherche homéopathique, un besoin de planification et d’organisation de la recherche était fortement ressenti par le gouvernement indien. Le résultat fut la création d’un Conseil Central pour la Recherche en Médecine Indienne et Homéopathie (CCRIMH) en 1969 pour effectuer des recherches sur l’Ayurveda, le Siddha, la médecine Unani, le Yoga et l’Homéopathie. Le Conseil Central de Recherche sur l’Homéopathie (CCRH), un des successeurs du CCRIMH a été établi en tant qu’organisation autonome à New Delhi en 1978. Depuis, le CCRH reste l’unique organisation engagée dans des études variées sur l’Homéopathie. Ses instituts et unités effectuent des recherches avec les principes directifs suivants :
- Formuler les objectifs et les grandes lignes de recherche scientifique en homéopathie.
- Initier, développer, entreprendre et coordonner la recherche scientifique fondamentale et appliquée en homéopathie.
- Collaborer avec d’autres instituts d’excellence pour la promotion de l’homéopathie.
- Echanger des informations avec les autres instituts et associations ayant des intérêts similaires à ceux du CCRH, particulièrement l’observation et l’étude des maladies.
- Diffuser les découvertes scientifiques, par le biais de communiqués, journaux, séminaires et développer des supports visuels pour aider la dissémination de l’information de la profession vers le public. »
L’homéopathie est très réglementée et encouragée par le gouvernement ! Quelle est la réalité dans l’application de toutes ces mesures ?
« Il est triste de constater qu’après 34 longues années d’existence du Conseil Central pour l’Homéopathie, le seul résultat est l’arrêt de l’ancien cursus de formation et le début de l’uniformisation de l’enseignement supérieur. Il est regrettable qu’aucune des 183 Ecoles d’homéopathie indienne n’ait aujourd’hui rempli les conditions stipulées dans les standards minimums du Règlement sur l’Education. On peut dire qu’environ seulement un quart de ces écoles s’approche du standard.
Plus de la moitié de ces écoles sont toujours dans des conditions pitoyables. Elles n’ont ni les infrastructures, ni le personnel nécessaire. Même dans les institutions où l’on trouve quelques infrastructures, les dispositions pour la formation clinique sont largement insuffisantes.
L’entraînement clinique étant l’élément le plus important de l’éducation médicale, son absence des écoles d’Homéopathie est une grave lacune dans notre système éducatif. _ De plus, le manque de professeurs formés et compétents dans ces écoles est une autre limitation à laquelle nous faisons face. La profession n’est pas capable d’attirer des professeurs de qualité et dévoués principalement à cause du maigre salaire et des conditions de travail déplorables. »
Pouvez vous nous décrire une journée de travail dans votre cabinet à Bombay ?
« Mon travail de tous les jours commence avec les prières du matin auxquelles tous mes associés et moi-même participent. Nous prions pour avoir l’espoir et la force d’aider les gens.
Mon équipe est formée de 15 à 20 docteurs. Je vois en moyenne entre 70 et 80 patients par jour.
La plupart de ces cas ont des maladies graves tels que des cancers à tous les stades, cancers avec métastases et derniers stades de cancer.
Je rends visite à des patients en état critique à l’hôpital King Edward Mémorial et à l’hôpital de Bombay environ deux ou trois fois par semaine. Je vais aussi à la clinique Ruby Hall située à Pune à environ 200 Km de Bombay. J’y vais environ une fois par mois pour aider les patients
dont la plupart souffrent de cancer.
Je pratique aussi beaucoup de médecine vétérinaire, je soigne des chiens, chats, oiseaux, perroquets et tortues. »
Merci au docteur Farokh Master qui, à sa façon, est un Homéopathe Sans Frontières, soignant les plus pauvres comme les plus riches et diffusant à travers le monde l’homéopathie pour le bien de tous.
L’homéopathie indienne en quelques chiffres :
- Avec 234 hôpitaux (10 933 lits), 5910 dispensaires gouvernementaux et 217 860 praticiens diplômés, l’homéopathie est le second système médical le plus utilisé après l’allopathie.
- Les étudiants en médecine choisissent dès la première année de faculté soit la filière allopathie soit la filière homéopathie.
- Plus de 600 fabricants de médicaments homéopathiques sont installés en Inde
Docteur Farokh Master - Bombay